L’Ao Dai, une tenue traditionnelle encore à la mode

L’Ao dai est une robe traditionnelle vietnamienne, composée de deux pièces : un pantalon de soie et une robe. Si la tenue est à l’origine relativement stricte, car imposée par la Dynastie Nguyen, elle a été revisitée de multiples fois pour devenir à la mode et très appréciée des vietnamiennes.

Symbole d’appartenance à une dynastie

L’origine de l’Ao dai remonte à l’époque où le Vietnam était séparé en deux : au Nord la dynastie des Trinh, plutôt sous influence chinoise, au Sud celle des Nguyen, davantage sous influence indienne. Nous sommes en 1 700. La dynastie des Trinh marque son identité par le port d’une tenue inspirée des costumes traditionnels chinois. Pour se différencier de ses rivaux, Nguyen Phuc Koat décide alors d’imposer lui aussi un habit spécifique : il choisit une robe qui se ferme sur le devant, portée avec un pantalon (alors obligatoire pour les femmes comme pour les hommes). C’est la naissance de l’Ao dai, qui prend son nom selon l’appellation de l’écrivain Lé Quy Djon, qui signifie textuellement « grande chemise ». Il en existe en de multiples couleurs, dont certaines ont des significations bien précises: le blanc est généralement porté par les étudiantes, le bordeaux par les hôtesses de l’air de la Vietnam Airlines etc.

L’Ao Tu Than et l’Ao Ngu Than

La tenue s’inspire notamment de la tenue traditionnelle de l’Ao Tu Than, une robe à 4 pans, dont une autre version, l’Ao Ngu Than possède 5 pans. Ces robes permettent à celles qui les portent d’afficher leur rang. Plus la tenue possède de couches de tissu, plus le rang de celui qui la porte est élevé : à l’époque les tissus sont très précieux. Mais le nombre de pans de la tunique évolue, et on le réduit bientôt à deux, en gardant deux fentes sur les côtés. C’est de ce modèle-là que s’inspirera en partie Cat Duong lorsqu’il revisitera l’Ao dai.

L’Ao dai inspire les stylistes

Dans les années 1930, Cat Duong, un grand styliste vietnamien plus connu sous le nom français de Monsieur le Mur, travaille sur le traditionnel Ao dai pour en sortir une nouvelle version, dont le succès sera fulgurant … Cela malgré le malaise qu’il crée chez les conservateurs : le nouvel Ao dai à deux pans, plus près de corps, avec ses boutons de fermeture sur le côté et son nouveau col est bien plus sexy ! D’aucuns disent qu’il est indécent… ce n’est pas l’avis des vietnamiennes qui l’adoptent très rapidement.

A l’Indépendance, l’Ao dai est synonyme de défaite

A l’indépendance du pays, en 1954, l’Ao dai est toujours peu répandu dans le Nord car peu pratique pour travailler. Mais dans le sud, sa popularité ne fait que grandir, notamment grâce à la première dame du pays, Madame Ngo Dinh Nhu, qui le porte en toutes circonstances. Après la réunification, en 1975, suite au retrait des troupes américaines et à la prise de Saigon par l’armée du Nord-Vietnam, le costume, porté à l’origine dans le sud du pays devient un symbole de défaite. En le portant, les femmes risquent de se faire interner dans des camps de rééducation.

Renaissance de l’Ao dai

En 1989, l’Ao dai revient sur le devant de la scène, comme le prouve le concours de beauté Miss Ao dai, à Ho Chi Minh Ville (anciennement Saigon). Puis les stylistes Minh Hanh et Sy Van Phuc décident eux aussi d’apporter leur pierre à l’édifice en retravaillant la tenue. Depuis, elle est indémodable : savant mélange de tradition et de modernisme, l’Ao dai séduit les vietnamiennes, toutes générations confondues !
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