Les débuts de Huong Thanh
Huong Thanh naît à Saigon. Depuis son plus jeune âge, elle baigne dans la musique traditionnelle vietnamienne : en effet, elle est la fille de Huu Phuoc, un célèbre chanteur de Cai Luong. Cet opéra qui allie chant, théâtre et danse est un art vietnamien ancestral, mais il n’en est pas moins resté populaire. Ses origines ont fortement influencé la jeune fille, puisque dés l’âge de 10 ans, elle débute, comme son père, l’apprentissage du Cai Luong, qu’elle poursuivra dans différentes écoles de musique et de théâtre de Saigon.
Du Cai Luong au jazz
C’est à l’âge de 16 ans que Huong Thanh se produit pour la première fois sur scène. Sa carrière est lancée. En 1988, elle s’installe en France ; c’est le début d’une série de concerts de Cai Luong à travers l’Europe. Elle chante avec les artistes les plus renommés, notamment avec son père. Mais en 1995, elle fait une rencontre qui influencera durablement sa carrière : celle de Nguyen Le, célèbre musicien et compositeur de jazz.
À ses cotés, elle intègre le groupe Tales from Vietnam, groupe de jazz qui se produit dans toute l’Europe. Elle enregistrera ensuite de nombreux CDs, certains dans un style jazz, produits et enregistrés par Nguyen Le, d’autres dans le style traditionnel vietnamien resté cher à son cœur. Ces albums sont généralement très bien accueillis par la critique ; certains sont même primés : notamment Dragonfly (2001), qui reçoit le Prix choc du Monde de la musique.
Huong Thanh et l’innovation musicale
Si Huong Thanh est considérée comme une chanteuse traditionnelle vietnamienne, elle ne cherche pas moins à mélanger les styles, comme le prouve sa collaboration avec Nguyen Le, auteur de jazz ou celle avec l’anglais Jason Carter, armé d’une harpe-guitare dont il est lui-même l’inventeur.
Elle travaille aussi fréquemment avec d’autres artistes asiatiques : au sein du groupe « Asian colors », elle chante avec une kotoiste japonaise et un joueur d’erhu chinois, et au sein du groupe « Camkytiwa », elle s’allie à la chinoise Yan Li (joueuse d’erhu), à la coréenne E’Joungju (au geomungo) et à la japonaise Fumie Hihara (au koto) pour réunir et revisiter la musique traditionnelle asiatique. Cette volonté de retravailler la musique traditionnelle de leur pays se retrouve dans le choix de leur nom de groupe : « Camkitiwa » fait référence aux quatre dons traditionnels de la femme vietnamienne idéale, à savoir la musique (cam), la stratégie (ky), la poésie (Ti) et la peinture (Wa).